L’anniversaire de la CGT CNAM
25 mai 2018, le syndicat CGT du CNAM, Conservatoire national des arts et métiers, a fêté ses 50 ans en présence de Philippe Martinez.
Cette journée historique débute par un débat sur la place du CNAM, établissement de promotion supérieure du travail, dans la réforme de la formation professionnelle, en présence d’Olivier Faron, administrateur général, de Catherine Perret, du bureau confédéral, de Marie Buisson, notre secrétaire fédérale et de Yann Cherec, secrétaire général de la CGT de l’AFPA. Tous les intervenant·es sont en accord, même l’administrateur du CNAM, sur le fait que la réforme de la formation professionnelle est un véritable séisme pour le droit à la formation des salarié·es. En filigrane se dessine un projet de société qui n’est pas neutre. La formation professionnelle renvoie au coût du travail : un·e travailleur·se formé et qualifié coûte plus cher qu’un·e travailleur·se sans diplôme ni formation. La privatisation du système de formation, en l’individualisant, permet d’extraire un certain nombre de travailleur·ses des dispositifs de formation. C’est dans cette optique qu’il faut comprendre les nouveaux dispositifs d’apprentissage, la place de l’AFPA, la monétisation du Compte Personnel de Formation (CPF).
La table ronde avec Philippe Martinez a pour objectif de susciter des réflexions autour des enjeux de la place du service public de la formation professionnelle mais également d’échanger avec les personnels sur la nécessité de se syndiquer, de s’organiser pour faire gagner les revendications des salarié·es.
Le témoignage de Gérard Déjardin, fondateur du syndicat, est un moment fort. Il est arrivé au CNAM à 17 ans : à cette époque son salaire était amputé de 10 %, la semaine de travail était de 49h. Le CNAM en 1968 est un établissement vieillot, conformiste, traditionaliste et très réactionnaire ; le pouvoir est concentré par une Direction et les Professeur·es titulaires de Chaires. Tout est organisé pour diviser les personnels : statuts, horaires et primes différents, système complètement inégalitaire qui favorise un verrouillage total de l’établissement. Avant 1968 il n’y a aucun dialogue social et aucun endroit pour favoriser une vie sociale (pas de cantine, de lieu d’expression, d’association).
Et pourtant, pour ne pas rester à l’écart des évènements de mai/juin 1968, des AG de personnels se construisent. Les salarié·es sortent de la léthargie qu’on leur impose. La lutte prend forme : ensemble, personnels techniques, administratifs, enseignant·es se mobilisent et rentrent dans la lutte. L’impensable se réalise. La mobilisation est en route, un nombre impressionnant des revendications qui couvaient sont posées. Après plusieurs manifestations dans les locaux, des négociations sont imposées à la direction dépassée sur la réforme du statut, la démocratisation du CNAM et les conditions de travail des personnels. 9 agent·es se retrouvent alors pour créer le syndicat CGT. Les avancées sont importantes : reconnaissance du droit syndical, égalité des horaires et des congés, démocratisation des statuts avec des représentant·es du personnel dans toutes les instances ainsi que des représentant·s des confédérations syndicales, création de l’association du personnel, du CTP, du CHS, création d’un poste d’infirmière et d’un médecin à temps plein, d’une assistante sociale, titularisation de 350 personnes sans concours en 1984, commission sociale avec des subventions votées par le CA pour répondre à des demandes d’urgences.
Fabrice, secrétaire du syndicat, fait un bilan des luttes passées, celles que nous avons gagnées, notamment pour le maintien des contractuel·les, contre la mise en place d’un partenariat public-privé, contre la vente des locaux rue Conté (ancienne école centrale), mais aussi celles qui nous restent à mener. Julie, jeune syndicaliste contractuelle, raconte les raisons de son adhésion, son militantisme. Pour continuer la lutte, la chorale du CNAM nous rejoint sur l’air de Bella Ciao.
On ne peut finaliser cette journée sans la visite guidée du Musée des arts et métiers, de son pendule de Foucault, du Fardier de Cugnot, de l’avion d’Ader ; nous passons devant un moteur de véhicule Renault auquel a participé Philippe Martinez, dans l’usine où il a créé sa 1ère section CGT.
Le soir, le syndicat a organisé un repas antillais dansant, ouvert à tou·tes, occasion de revoir les ancien·nes et d’accueillir des nouveaux·elles.