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 IHS-FERC : éducation populaire : quelques repères

 

L’éducation populaire recouvre un concept large et une histoire riche dont les prémices figurent dans un rapport de Condorcet (1792). Elle vise à l’émancipation individuelle et collective pour transformer la société et s’oppose à tout mécanisme de domination. Même si elle est aujourd’hui souvent gangrénée par la marchandisation ses valeurs restent vivantes.

L’éducation populaire est une démarche éducative active qui s’appuie sur une dynamique collective. Elle concilie à la fois l’autonomie et l’interdépendance. Ses valeurs sont : la solidarité, le partage, l’accessibilité de tous, le faire ensemble pour développer l’esprit critique et le savoir.

L’éducation populaire ne se limite pas à libérer la parole pour dire le monde tel qu’il est, elle permet de se projeter pour le transformer.

A Londres, en 1864, le congrès fondateur de l’AIT énonce que "l’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes". En France, les bourses du travail créées pour réguler le marché du travail seront investies par le mouvement syndical pour permettre à l’ouvrier·ere de prendre conscience de sa condition (1895 – Fernand Pelloutier).

Les premières actions d’éducation populaire du mouvement syndical concerneront la formation professionnelle, puis l’éducation générale et la formation syndicale.

Les démarches d’Education Populaire ont été parfois accompagnées par les pouvoirs et elles se sont aussi développées à l’initiative de mouvements religieux ou patronaux, mais c’est bien sous l’impulsion des organisations ouvrières et de ses militant·es que l’ambition émancipatrice a été la plus forte.

Les pratiques de pédagogie active influenceront également des pédagogues progressistes comme Célestin Freinet, qui ambitionnent de transformer l’école pour le peuple en une école du peuple.

Après les conquis de 1936 (congés payés, réduction du temps de travail) et de l’après-guerre, les loisirs, le sport, la culture occuperont une place importante dans les activités des CE et des organisations syndicales.

Après 1944, dans la logique du programme du CNR, de nombreuses nouvelles associations verront le jour dans l’entreprise et la cité. Les militant·es du mouvement ouvrier y jouent souvent un rôle essentiel.

Les MJC dont la vocation sous le pouvoir gaulliste est d’occuper les "blousons noirs" deviennent après 68, aux yeux du pouvoir, des "nids rouges" ! La gestion de l’Education populaire le plus souvent associative favorisa la cogestion (participation des financeurs, ministère de tutelle, adhérent·es et personnels) notamment dans les MJC jusqu’en 2021.

En fin du 20ième siècle, le libéralisme et la marchandisation de la vie sociale feront perdre à des pans entiers du mouvement associatif sa capacité à faire vivre les valeurs de l’Education populaire.