BnF : une mobilisation inédite !
Réorganisation du travail, missions supplémentaires, manque d’effectif… Après plus de 15 jours de grève depuis le début du mois de mai, les personnels de la Bibliothèque nationale de France ne décolèrent pas.
Quelles sont les raisons de la mobilisation ?
La goutte d’eau qui a fait déborder le vase est une vaste réorganisation du travail qui dégrade à la fois les conditions de travail des agent·es et le service fourni aux lecteurs et aux lectrices de la bibliothèque. Concrètement pour les personnels, là où la communication et le rangement des documents demandés chaque jour étaient lissés sur 8 heures, il faut désormais le faire en 4h. Pour les usager·es, alors que les demandes d’ouvrages étaient possibles entre 9h et 17h, ils et elles doivent désormais attendre 13h30 ou bien réserver leurs documents à l’avance.
Combien d’emplois ont été supprimés à la BnF et pourquoi parler du retour de la grande précarité ?
304 c’est le nombre d’équivalents temps plein supprimés à la BnF en 10 ans. Cette saignée a touché toutes les catégories de personnels mais plus particulièrement ceux et celles qui s’occupent de la communication des documents avec une perte sèche de 25 % des effectifs. Dans le même temps, la direction a décidé de rompre un protocole de fin de grève datant de 2016 qui prévoyait l’emploi en CDI des contractuel·les à temps incomplet. Désormais ce sont des CDD de courtes durées qui sont proposés.
Vous parlez aussi de faire plus avec moins, pourquoi ?
Si l’administration compte réduire à 4h au lieu de 8h l’activité des magasinier·es, c’est-à-dire le prélèvement et rangement des documents, c’est pour ouvrir d’autres chantiers liés à la création d’un nouveau centre de conservation des collections à Amiens. Le transfert d’une partie des collections conservées à Paris vers la Somme nécessite en effet un travail considérable de préparation étalé sur plusieurs années. Autre exemple, la destruction récente de 40 emplois au sein de la bibliothèque François Mitterrand afin de créer des postes sur le site historique de la BnF (rue Richelieu), postes qui sont liés à de nouveaux services, à un nouveau musée, de nouveaux horaires évidement étendus.
Les usager·es et de nombreuses personnalités se mobilisent à vos côtés, comment cela s’est organisé ?
Pour contrecarrer les projets de la direction, l’association des lecteurs et lectrices de la BnF et l’intersyndicale CGT, FSU et SUD travaillent ensemble depuis le début. Du côté des usager·es, une pétition en ligne a été signée par plus de 16 000 personnes, côté personnel c’est plus de 700 agent·es de la bibliothèque qui ont signé une version papier. Le 20 juin a aussi été publiée dans le journal le Monde une tribune qui réunit plus de 350 universitaires et personnalités du monde de la culture afin de dénoncer la situation.
Quels sont les résultats de la mobilisation ?
Le travail est désormais lissé sur 6h30 au lieu des 4 heures prévues. Le ministère de la Culture a octroyé des budgets supplémentaires afin que 20 emplois de catégories C viennent renforcer les équipes mais la direction souhaite embaucher essentiellement des précaires. Des primes spécifiques à la BnF (dominicale et de fin d’année) dont étaient exclu·es les contractuel·les vont leur être attribuées. La communication des documents aux lecteurs et lectrices sans réservation à l’avance sera possible à partir de 12h au lieu des 13h30 prévus.
Au final, ce n’est pas à la hauteur des attentes, la lutte continue !