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 UN PREMIER MOUVEMENT DE GRÈVE DANS LES SALLES D’ESCALADE

 

Le monde des salles d’escalade a connu son premier mouvement de grève entre fin mars et début mai. Le mouvement a touché deux salles de l’enseigne Climb Up ainsi qu’une salle de Climbing District. Ce mouvement d’ampleur encore limité a permis de mettre en lumière les problématiques de la profession et poser un rapport de force qui a payé lors de la NAO.

Le licenciement injustifié le 26 mars de 6 de leurs collègues a mis le feu aux poudres dans la plus grande salle d’escalade d’Europe à Climb Up Aubervilliers. Avec l’appui de la CGT, les salarié·es ont organisé sur plusieurs week-ends un piquet de grève. Dans la foulée, sur un week-end, les salarié·es de Climbing District se sont mobilisé·es contre les licenciements économiques qui frappent le groupe. La salle Climb Up parisienne de Porte d’Italie a été touchée par des grèves un peu plus tard, notamment le 1er mai où les salarié·es sont obligé·es de travailler.

Ces premières grèves ont fait ressortir les multiples problématiques du très fort développement des salles d’escalade dans un cadre lucratif très concurrentiel. Au cœur de la colère des salarié·es se mélange une dénonciation du management, de conditions de travail et de rémunération dégradées, de menaces de licenciements économiques. Cette mobilisation s’inscrit dans un contexte plus large. Aux États-Unis, la même semaine, les ouvreurs et ouvreuses de Touchstone Climbing, le principal réseau américain, se sont également mis·es en grève pour des revendications similaires, tandis qu’à Chicago, les salarié·es de First Ascent ont voté pour la création d’un syndicat.

Le management est pointé du doigt pour son climat anxiogène, marqué par des accusations de discriminations, sexisme et lgbt-phobie, particulièrement à Aubervilliers. Les grévistes dénoncent des conditions de travail éprouvantes, notamment des pauses déjeuner réduites, un manque de formation compromettant la sécurité des utilisateurs et utilisatrices, ainsi qu’un cadre peu hygiénique. Certain·es employés·es, comme les hôtes et hôtesses d’accueil, se voient interdire de s’asseoir pendant des heures et sont rémunérés·es au salaire minimum de la convention collective nationale du sport. Les ouvreurs·ses dénoncent des conditions de pénibilité non reconnues, aucun jour de repos ni de séances kiné prises en charge, alors que 80% se blessent dans l’année !

Le mouvement a montré au patronat que la colère gronde et que la grève pouvait prendre dans les salles d’escalade pour relever la tête et revendiquer une amélioration de ses droits. Ce nouveau rapport de force posé à Climb Up où la CGT est représentative à 100% a permis d’arracher un accord aux NAO nettement mieux disant que celui de l’an dernier, comprenant notamment : 75 € d’augmentation pour les non-cadres, une meilleure reconnaissance de l’expérience des personnels d’accueil, des moyens supplémentaires pour la santé au travail, la création d’une cellule de veille contre les VSST.