RetraitéE - continuité syndicale UFR

 Roger, mon frangin, mon poto …

 

Ça s’est passé il y a une quinzaine d’années. Je t’ai croisé un jour, par hasard, mais ne dit-on pas qu’il n’existe pas de hasard ? C’était à la conférence d’une organisation politique de classe. Sans bien savoir où et quand, je savais que je t’avais connu il y avait bien longtemps. Je t’ai entendu discuter et j’ai aussitôt retrouvé ce léger zozotement reconnaissable entre tous. Au moment même où la mémoire me revenait, une voix au micro signala la présence de Roger Sylvain. Les ancien·nes s’en souviennent sans doute : tu étais ce métallo de Renault Billancourt, secrétaire général adjoint du syndicat CGT, Renault Billancourt d’où partit le mouvement de grève de mai 68 et qui fut parmi les dernier·es à reprendre le travail. C’est toi que les camarades avaient désigné comme porte-parole. C’est toi que j’écoutais à la télé, toi qui m’apportais, qui NOUS apportais l’enthousiasme nécessaire à la poursuite du combat. Moi j’avais tout juste 20 ans, étudiant syndiqué à l’UNEF-Renouveau, plein d’admiration devant cette CGT à laquelle j’adhèrerais plus tard.

Et puis nous nous sommes revus lors de réunions, à la fête de l’huma et ailleurs. Tu m’expliquais comment sans les travailleur·ses immigrés de la taule, le mouvement n’aurait pu démarrer car tout était parti de la lutte menée par le syndicat pour l’égalité des salaires. Tu me dis comment en ce mois de mai la veille de l’assemblée Générale réunissant près de 5000 travailleur·ses, tu doutais encore que la grève soit votée. Je te parlais de nos combats à l’université et tu me conseillais, m’encourageais. J’aurais tant de choses à raconter sur cette rencontre qui n’aura plus lieu. La peine de celles et ceux qui t’ont connu est immense. Tu nous as quittés mais toujours vivant parmi nous, toi le grand militant si modeste de notre grande CGT de classe et de masse avec et pour laquelle tu as combattu jusqu’au bout.