Femmes mixité

 RETOUR SUR LES JOURNÉES INTERSYNDICALES FEMMES

 

Ayant réuni plus de 400 participant·es à la Bourse du Travail de Paris, l’édition 2025 des journées intersyndicales femmes organisée par la CGT, la FSU et Solidaires, a cette année encore fait le plein.

Dans le contexte réactionnaire actuel qui voit se développer un projet de société toujours plus néolibéral et masculiniste, les attaques contre les femmes sont nombreuses et nécessitent d’être combattues de manière unitaire.

Les intervenantes de la première table ronde se sont attachées à analyser les mécanismes de l’antiféminisme contemporain, à partir du féminicide de l’école Polytechnique de Montréal. Corrélé au danger de laisser penser que l’égalité est acquise et couplé au néolibéralisme, ce retour de bâton voit l’émergence de nouvelles masculinités, adaptatives, mais toujours aussi oppressantes. C’est le cas, par exemple, des « nouveaux pères » qui endossent les tâches visibles (sorties au parc…) mais laissent les plus ingrates aux mères, et dont la paternité est valorisée dans la sphère professionnelle. En captant une partie des luttes féministes, ces hommes ne font que perpétuer le système de domination sous des formes différentes.

La seconde table ronde s’est attardée sur la place centrale de l’éducation et de la formation dans le combat contre le patriarcat. Ont été exposées la nécessité et l’urgence de redéfinir les finalités et missions de l’École qui, traversée par des inégalités et des stéréotypes très forts, échoue cruellement à faire égalité. Parce qu’ils participent à l’effectivité des droits humains, les nouveaux programmes d’EVARS, victoire syndicale, sont un point d’appui non négligeable dans ce processus.

La troisième table ronde a réuni autour de l’intersectionnalité plusieurs intervenantes, dont Kimberlé Crenshaw, qui ont démontré que la pensée en silo aggravait les discriminations et qu’il était nécessaire de penser l’imbrication et l’intrication des rapports sociaux pour mieux combattre le système capitalopatriarcal. Elles sont également revenues sur les gains qu’avaient obtenus les hommes grâce aux luttes des travailleuses.
La dernière table ronde a été consacrée à la santé des femmes en tant que facteur d’inégalités professionnelles. Face une médecine trop androcentrée, la pénibilité genrée du travail, du fait d’une très forte ségrégation des métiers, n’est pas pensée.

Réaffirmons que le travail des femmes est la condition de leur émancipation et qu’elles doivent pouvoir exercer sans être victimes de violences ou de sexisme ; luttons pour une juste reconnaissance de celui-ci (horaires, salaire, maternité) ; soignons leur corps si souvent négligé et meurtri par une médecine androcentrée ; réaffirmons leur place, leur liberté dans la société civile. Luttons contre ceux qui voudraient enfermer les femmes, les assigner à un rôle purement domestique et traditionnel. Bataillons aux côtés de nos sœurs qui souffrent davantage encore parce qu’elles sont racisées, trans, pauvres. C’est un devoir militant : c’est aussi un devoir citoyen.

Deux journées inspirantes qui nous rappellent que le travail syndical sur ces fronts doit s’intensifier, doit se réfléchir, se penser comme un rempart contre la montée de l’extrême-droite en Europe.