Parole à ... Marie Buisson, nouvelle secrétaire générale de la FERC

 

D’où viens-tu ? Quel est ton parcours professionnel et militant ?

J’ai passé en 2001 le concours de PLP (professeur de lycée professionnel) en lettres-histoire-géo et j’ai adhéré à la CGT dès que j’ai intégré la formation comme professeure stagiaire. J’avais travaillé plusieurs années avant de faire mes études à la fac et mes nombreux emplois précaires m’avaient convaincue de la nécessité de s’organiser pour se défendre.

Mes débuts comme enseignante stagiaire m’ont confirmé cette nécessité mais ils m’ont aussi donné envie d’échanger avec d’autres sur mon métier, ses difficultés, son intérêt et de porter des revendications pour le service public d’éducation. J’ai donc milité à la CGT Educ’action :j’ai fait un mandat d’élue paritaire puis je suis devenue secrétaire académique de la CGT Educ’action Versailles.

C’est au cours de ces mandats que je me suis formée et que j’ai compris l’importance et l’intérêt du travail collectif : de nombreux camarades m’ont formée, accompagnée. J’ai aussi eu la chance d’être nommée dans un lycée professionnel de banlieue parisienne qui avait une grosse section syndicale et une tradition de solidarité très forte entre les personnels. Nous avons eu l’occasion de nous mobiliser pour le maintien des postes, le renouvellement de contrat des collègues non-titulaires, l’obtention de titres de séjour pour nos élèves sans papiers, contre certains actes de violence, etc.
Difficile de ne pas être convaincue de la pertinence de notre outil syndical !

…et la FERC ?

J’avoue qu’il m’a fallu un peu de temps pour m’intéresser aux autres structures de la CGT, au-delà de mon syndicat et des différents congrès (j’ai été déléguée au congrès de la FERC en 2007 !)…

Le congrès extraordinaire de la CGT Educ’action, nous a amené à débattre de la pertinence de notre champ fédéral, les textes et les débats qui ont accompagné ce congrès m’ont convaincue de l’utilité de notre fédération des métiers de l’éducation, de l’enseignement supérieur, de la recherche, de la formation, de la culture.
Dans mon quotidien de militante et d’enseignante c’est cette structuration de la CGT par métiers qui me semblait utile, pertinente, cette position était majoritaire dans mon académie. Une fois le constat fait, il paraissait logique de s’investir dans la FERC, j’ai donc intégré le Bureau fédéral au congrès de 2013.

Comment abordes-tu ce mandat de secrétaire générale ?

Collectivement ! Je suis convaincue que militer est toujours et avant tout un engagement collectif, je pense aussi qu’on est toujours plus intelligent.es à plusieurs que seul.e.

Nos textes de congrès reflétaient cet engagement par la volonté de mutualiser les réflexions, les revendications, les campagnes des organisations fédérées, de construire l’activité fédérale à partir de notre CE et de ses collectifs de travail, d’élargir le bureau fédéral.

Ce choix est aussi politique. Dans nos métiers nous subissons depuis des années une individualisation des rémunérations, de l’évaluation, une mise en concurrence des salarié.es, un renforcement du poids de nos hiérarchies, une remise en cause des collectifs de travail. Notre projet CGT est à l’opposé de ce modèle dominant que l’on cherche à nous imposer comme seul modèle viable.

La période politique ne porte pas à l’optimisme, d’autant qu’elle suit des années de batailles défensives pour les salarié.es et peu de conquêtes de nouveaux droits. Nous devons absolument être déterminés et pragmatiques, pour proposer aux salarié.es un syndicalisme porteur d’espoir.

Des bagarres pour la défense des emplois et des services publics se profilent, la responsabilité de la CGT, élément central du front syndical de lutte et de transformation sociale, est grande.

Nous devons arriver à faire fonctionner toutes nos structures (et nous en avons beaucoup !) de manière non concurrentielle ; nous avons besoin de construire des fronts revendicatifs et de lutte… ça pourrait être utile dans les mois à venir !