L’enseignement Supérieur et la Recherche (ESR) : une situation critique !

 

La situation de l’ESR en ce printemps 2025 est l’accomplissement de bientôt vingt ans d’une politique de restructuration massive, initiée par la loi LRU sous Sarkozy (2007), qui s’est transformée en une destruction systématique afin de laisser place nette au privé.

Depuis la crise financière de 2008 et dans une forme d’indifférence générale, l’État a abandonné le secteur de l’ESR. Entre 2010 et 2022, le nombre de personnels enseignants titulaires a continué de baisser (-1,8%, -1800 postes) tandis que le nombre d’étudiant·es augmentait considérablement (+585 000 / + 24,9%). Nos bâtiments sont délabrés à plus de 60 % selon l’IGESR [1]. Et la précarité ne cesse d’augmenter, 40 % de contractuel·les chez les personnels administratifs et techniques, plus de 70 000 vacataires enseignant·es...

Dans ce contexte de pénurie, Macron et son ministre de l’ESR Philippe Baptiste multiplient les provocations et les mensonges : un jour ce sont 100 M€ sortis du chapeau pour essayer d’attirer des chercheur·ses états-uniens (500 000 € /chercheur·se/ an, près de 10x le salaire moyen des collègues en France) ! Le jour suivant c’est l’annonce de l’extension des Contrats d’objectifs, de moyens et de performances (COMP) à la totalité de la subvention pour charge de service public, dont la masse salariale des fonctionnaires, directement menacés. L’État n’assume plus ses responsabilités constitutionnelles !

Car cet asséchement de l’ESR public n’est pas perdu pour tout le monde : l’enseignement supérieur privé, à but lucratif ou non, croule littéralement sous l’argent public, grâce à la politique de soutien massif à l’apprentissage dans le supérieur. Une enveloppe qui est passée de 7 milliards d’€ en 2018 à la somme invraisemblable de 25 milliards en 2024, avec un développement considérable, sans aucun contrôle, en dépit d’annonces répétées du ministère sur d’hypothétiques « labels » à venir... Le dernier en date, pour « les établissements qui demandent une reconnaissance sans avoir d’obligation de service public », prendra la forme d’un agrément qui leur permettra d’accoler à leurs logos la bannière « établissement agréé par le MESR ».

La dernière annonce d’une évaluation des établissements privés par le Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (Hcéres), quelques semaines après que l’assemblée nationale a voté sa suppression, ressemble plus à un sauvetage de dernière minute qu’à une volonté d’aider les étudiant·es et leurs familles à s’orienter dans la jungle sans foi ni loi de l’ES privé et de Parcoursup.
Les réformes générales en cours comme celle de la formation des enseignant·es, menée sans concertation et dans la précipitation, s’ajoutent au désordre pour nos collègues des INSPE. Sans parler des atteintes aux libertés académiques visant à interdire les mobilisations des étudiant·es et des personnels et allant parfois jusqu’à l’interdiction de recrutements, via les ZRR (Zones à régime restrictif).

Aujourd’hui, c’est bien l’existence même des universités et des organismes nationaux de recherche qui est menacée...


[1inspection générale de l’éducation du sport et de la recherche