RetraitéE - continuité syndicale Sécurité sociale UFR

 ELSAN … main basse sur la santé

 

ORPEA, tout le monde s’indigne : les conditions odieuses réservées aux vieilles gens dans les EHPAD privés et des bénéfices éhontés… Mais Korian est-ce mieux ? Et dans les EHPAD publics, où le manque de personnel soignant est dramatique ? Nos ministres assurément ne savaient rien de tout ça…

Je voudrais parler du groupe ELSAN spécialisé dans l’hospitalisation privée. Mais d’abord un exemple pour illustrer la chose : à l’hôpital de Beaumont sur Oise, l’été 2020, on a supprimé lits et postes par centaines, plusieurs services dont la néonatalogie, la pédiatrie et surtout le service de réanimation avec ses 14 lits, dont 4 de soins intensifs et ses 5 respirateurs. Pour une population de 180 000 habitant·es, c’était une catastrophe sanitaire programmée. La pandémie se déchaine 4 mois après et l’ARS, la voix du ministère, autorise alors l’ouverture d’une unité de soins Covid, dont 5 de soins continus, avec 15 lits et 5 respirateurs dans la clinique privée Conti à L’Isle Adam à 4 km de Beaumont ! Cette clinique Conti (où se pratiquent des dépassements d’honoraires insupportables) appartient au groupe ELSAN.

ELSAN c’est près de 2 milliards d’euros de chiffre d’affaire, sa direction a été mise en examen récemment pour « banqueroute et escroquerie au jugement ». Wikipédia donne les détails : en novembre 2015, les groupes Vedici et Vitalia fusionnent pour donner naissance au groupe ELSAN nouvel acteur de l’hôpital privé. ELSAN se rapproche de MédiPôle Partenaires, devient ainsi le n°1 français. En 2019, le groupe revendique 120 cliniques et hôpitaux privés en France. En octobre 2020, la Commission européenne entérine le contrôle exclusif d’ELSAN par KKR une entreprise d’investissement mondiale basée aux états Unis. En faisant ainsi évoluer la composition de son capital, ELSAN se dote en même temps d’un soutien français important qui représente plus d’un tiers du capital avec l’arrivée d’Ardian, de bioMérieux, de CNP Assurances (80 % la Poste), d’Axa, et de Thétis Invest (Bettencourt-l’Oréal)… KKR est connu pour ses OPA hostiles : l’entreprise s’est spécialisée dans la constitution d’un montant de liquidités confié par des investisseur·ses pour financer des rachats hostiles d’entreprises. Les dettes ainsi contractées pour acquérir les sociétés cibles sont remboursées par la vente de branches non rentables (démantèlement de la cible) et par une réduction des coûts (délocalisation, sous-traitance, licenciements). KKR se constitue ainsi un trésor de guerre. Le fonds dispose de liquidités dépassant les 50 milliards de $ avec un chiffre d’affaires équivalent à IBM.

ELSAN a le bras long. La santé est entre de bonnes mains. Sa clinique Conti se développe au même rythme que l’hôpital public de Beaumont se réduit.
Déjà le maire de la ville s’en était plaint : « Conti a disposé de 30 % d’aide de l’État pour sa rénovation, tandis que l’hôpital public de Beaumont devait s’endetter de 23 millions pour se doter d’un plateau technique moderne ». Alors, que le gouvernement ne nous dise pas, comme pour ORPEA, qu’il ne savait pas. Il a laissé la privatisation s’emparer de notre santé et ce n’est pas sans rapport avec le pillage de notre Sécu.

Oui nous sommes pour une prise en charge intégrale à 100 %, par une Sécurité sociale intégrale fondée sur les cotisations sociales, de tous les besoins dont ceux liés au « grand âge ». Et pour le retour à un hôpital public digne de ce nom et débarrassé des spéculateur·trices.