Argentine : les luttes se poursuivent dans l’éducation
Six mois après l’élection de Javier Milei à la Présidence de la République argentine, les actions dans l’éducation et l’enseignement supérieur se poursuivent, tout comme se développent de multiples initiatives conduites par le mouvement syndical et les mouvements sociaux.
Élu avec 56 %, le président argentin n’a cependant pas de majorité au Congrès des Députés ni au Sénat. C’est ainsi que la loi « ómnibus » - intitulée ainsi au vu de la multiplicité des thèmes traités -, devenue depuis « ley de bases », n’a pu être votée au Congrès qu’au prix de larges compromis avec les député·es.
Pour autant, le gouvernement utilise tous les leviers en sa possession pour accentuer ses politiques régressives d’inspiration ultralibérale, notamment la législation par décrets ou par décisions administratives. Le Sénat a finalement voté le texte à une très courte majorité (36 pour - 36 contre) et dans un contexte de forte répression contre les mobilisations qui ont eu lieu à Buenos Aires. Outre le passage du Ministère du Travail, de l’Emploi et de la sécurité sociale à un simple Secrétariat, ce sont toutes les structures ministérielles consacrées à la planification fédérale, à l’investissement public, à la production et aux politiques de l’emploi qui sont amenuisées : plus de 20 000 licenciements dans l’emploi public en sont l’une des premières conséquences.
La déréglementation du commerce, des services et de l’industrie, la libéralisation de la fixation des prix, entraînent la hausse inévitable des prix et la baisse du salaire réel. Le 4 juin dernier, dans le cadre du plan de lutte élaboré par les syndicats de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur – CTERA, CONADU, CONADU Histórica… – et d’un appel à la grève de 48h dans les universités, un rassemblement avait lieu devant le Congrès. En effet, si la grève du 23 mai a abouti sur une augmentation du budget des Universités, celle-ci n’a permis que d’« empêcher que l’Université ferme », comme l’indique un communiqué de la Conadu Histórica puisqu’elle ne fait que consolider les dépenses de fonctionnement, soit 8 % des budgets, les 92 % restants concernent les salaires des personnels.
À ce rassemblement, la Secrétaire générale de la CTERA, Sonia Alesso, a réaffirmé les revendications enseignantes : « Nous sommes de nouveau ici, devant le Congrès de la Nation, pour exiger des Député·es qu’ils examinent et approuvent la Loi pour le Financement Éducatif et la restitution du FONID. [un système de ressources transférées aux provinces pour améliorer les salaires des enseignant·es] Le gouvernement national ne peut se désintéresser de l’enseignement public, comme le prévoit la loi sur l’éducation nationale : " l’éducation publique est un droit social qui doit être garanti par l’État ". Depuis décembre 2023, nous exigeons : des enseignant·es, un plancher salarial, un FONID, des fonds pour les cantines scolaires, des infrastructures et des programmes éducatifs nationaux. »
À la mi-juillet ont lieu des négociations paritaires nationales, notamment sur les salaires dans l’Éducation ; les revendications ci-dessus y ont été réaffirmées. Par contre, rien ne se passe pour les personnels des Universités et la CONADU envisage deux grèves de 72h courant août ainsi qu’une marche fédérale universitaire en septembre. Les luttes vont se poursuivre d’autant plus que l’un des principes directeurs affirmés par l’actuel gouvernement argentin, c’est : " la justice sociale est une aberration ."