PAROLE à ... Frédérique Bey

 

Ingénieure d’étude élue au CNESER

Qui es-tu ?

Je suis ingénieure d’études à l’université de Lorraine. Entrée comme contractuelle il y a 20 ans, titularisée sur concours au bout de 7 ans de CDD, j’ai adhéré à la CGT de mon établissement il y a 15 ans. Nous avons vécu, dans la lutte, en 2012, la fusion imposée des 4 universités lorraines.

Les effets de cette fusion, délétères pour tous les personnels, se font sentir encore aujourd’hui, 8 ans après. Seul point positif, la création d’un nouveau syndicat CGT FERC Sup en Lorraine, par la réunion des syndicats nancéiens et messins, dont je partage depuis 2012 le secrétariat général avec Martine Salm. Je suis élue au comité technique d’établissement depuis 2011.

En 2015, l’Union nationale FERC Sup me propose un mandat au CNESER, j’y siège deux jours par mois et suis réélue en juin 2019. En 2017, je suis élue au Bureau national de la FERC Sup.

Qu’est-ce que le CNESER ? À quoi ça sert ?

Le CNESER - conseil national de l’ESR (enseignement supérieur et recherche) - compte 100 membres dont 54 élu·es (personnels et étudiant·es). Le groupe CGT au CNESER comprend 20 camarades. Aux élections de juin 2019, la CGT a conforté sa place de 2e organisation en voix, (cf. article p. 8).

C’est une instance consultative qui donne son avis sur les questions relatives aux missions de l’ESR : les stratégies nationales, la répartition des moyens et des emplois, les projets de réformes, le cadre national des formations, la création des diplômes, la création, la suppression, la fusion ou le regroupement d’établissements.

Les actions CGT sur le mandat 2015-2019

La CGT a été très présente et visible au CNESER en impulsant, le plus souvent possible, une voix intersyndicale. Insuffisance des moyens, tirage au sort, sélection en Licence, en Master : nous avons dénoncé cette introduction de la sélection dans l’enseignement supérieur. Nous avons porté l’idée que l’instauration de la concurrence entre les étudiant·es, les formations et les établissements était le début d’un véritable système de ségrégation sociale et de marchandisation de l’enseignement supérieur. Pire encore, l’année 2019 a vu passer au CNESER le programme « Bienvenue en France », qui instaure des droits d’inscription différenciés pour les étudiant·es extracommunautaires, puis l’ordonnance sur les regroupements universitaires expérimentaux qui laisse la voie libre à toutes les dérogations sur les fusions, associations ou regroupements, que nous n’avons cessé de dénoncer.
La CGT a, par ailleurs, été le seul syndicat à dénoncer en séance, devant la ministre, les violences policières commises contre les lycéen·nes, les étudiant·es et la communauté universitaire au printemps 2018.

Les enjeux du mandat à venir

Face à la casse généralisée des statuts et du service public de l’ESR, le CNESER reste la dernière instance nationale où des élu·es peuvent dénoncer collectivement la politique du gouvernement : ce sera l’enjeu de ce nouveau mandat. La CGT au CNESER portera encore et toujours l’idée que notre système éducatif doit permettre l’élévation du niveau des connaissances et des qualifications de l’ensemble de la population, sur tout le territoire.

Le CNESER disciplinaire : fin de l’indépendance des enseignant·es-chercheur·ses ?
Le CNESER disciplinaire, composé d’EC et d’étudiant·es membres du CNESER plénier, statue en appel sur les décisions des sections disciplinaires des universités. Il est depuis quelques semaines remis en cause par le Ministère qui, dans le processus en cours de casse du statut des enseignant·es-chercheur·ses, va à l’encontre du principe constitutionnel de leur indépendance : le CNESER disciplinaire sera désormais présidé non plus par un·e professeur·e des universités élu, mais par un juge du Conseil d’État.

La CGT n’a pas toujours apprécié les modes de fonctionnement du CNESER disciplinaire et s’inquiète depuis longtemps des dérives des sections disciplinaires locales, mais ce n’est pas une telle décision qui résoudra le problème, bien au contraire.