Lutte contre les discriminations Société

 Campagne contre l’extrême-droite : fiche n°10 - Les réseaux sociaux

 

Attention aux partages !

Il est impossible de référencer tous les groupes et pages sur internet, Facebook ou Twitter liés à l’extrême-droite, ce qu’on appelle la « fachosphère ». Par ailleurs, cela fait longtemps qu’ils développent de véritables stratégies pour diffuser leurs idées d’extrême-droite sur les réseaux.

La facilité des partages ou retweets est habilement exploitée par la fachosphère, qui n’hésite pas à diffuser des reportages sur des luttes, des articles sur la défense du Code du travail ou contre l’impérialisme occidental, en apparence anodins. Mais cela fait connaître et donne de la légitimité à des comptes complotistes, négationnistes ou nationalistes.

Vidéo partagée sur Facebook, mentionnant la page d’origine : « Au nom de la Liberté d’expression. » Mais le partage a pu se faire à partir du mur Facebook d’une connaissance ou d’un camarade de confiance.

En cliquant sur le lien de la page d’origine, on tombe sur un contenu explicitement d’extrême-droite (comme le montre la publication ci-après).

Et comme Facebook propose des publications en fonction des intérêts de chaque utilisateur et de la popularité des pages, on risque de se voir proposer de plus en plus de contenus de ce type…

L’exemple ci-dessus montre donc qu’on peut vouloir partager la vidéo d’une mobilisation, notamment parce qu’on l’a vu sur la page d’un camarade, et se retrouver à faire de la publicité pour un compte ou un site d’extrême-droite.
En dehors de sources issues des médias classiques (qui ne sont pas parfaits, surtout sur le traitement de l’extrême-droite) ou d’organisations fiables, mieux vaut prendre quelques secondes pour regarder la page d’origine, avoir une idée des autres publications et des thèmes abordés, des liens mis en avant… Cela peut paraître fastidieux mais c’est indispensable.

Des expressions qui peuvent alerter

La fachosphère utilise certaines références, qui sont propres aux courants fascistes et d’extrême-droite (oligarchie, racines, complot) ou reprises (et déformées) du camp progressiste : liberté d’expression (très utilisée pour faire taire ceux qui critiquent et veulent mettre un terme à des positions d’extrême-droite), résistance, laïcité… Comme l’illustre l’extrait ci-dessus, la rhétorique de l’infection et celle de l’extermination sont des classiques de l’extrême-droite, tout comme les références antisémites au sionisme ou « américano-sionisme » et les références racistes à l’invasion musulmane et barbare.

Des débats impossibles

Une des caractéristiques de la pensée fasciste est de se placer hors du cadre rationnel. Non seulement une partie de leur propagande fait appel à l’émotionnel, à l’irrationnel, aux pulsions de haine ; mais la manière de « débattre » est également perverse.

Cela passe par des demandes d’arguments et de preuves sans fin à leurs contradicteurs (qui ne parviendront jamais à les convaincre), parallèlement à l’absence de démonstration factuelle de leur part.

L’extrême-droite et les courants fascistes n’apportent pas de mauvaises réponses à de bonnes questions, ils posent de mauvaises questions. Il faut donc parvenir à se décaler de leur logique, de leurs perspectives. Et savoir dire que certaines choses ne passent pas, tout simplement. On ne débat pas à partir de positions d’extrême-droite, mais à partir de faits, de nos analyses, de notre conception CGT de la solidarité, du respect…

Sous couvert d’« humour »

La caricature, les « blagues » sont de longue date des outils qui véhiculent préjugés et déshumanisation. On peut y ajouter aujourd’hui les photomontages.
Quand est-ce que l’humour cesse d’être drôle ? Peut-être tout simplement à partir du moment où ceux qui en sont la cible se sentent blessés, sont présentés de manière péjorative, pour ce qu’ils « sont » (ou qu’on imagine qu’ils sont). « Les » musulmans, « les » Juifs, « les » femmes, « les » homos, « les » syndicalistes ou « les » fonctionnaires... ce ne sont jamais des catégories homogènes, et elles ne disent rien des opinions et actions de ceux qu’on range dans ce groupe. Les racistes, en revanche, sont des personnes que l’on peut identifier par leurs pratiques et leurs discours, ce qui est objectif. Il faut donc être particulièrement vigilant aux vidéos, dessins ou photomontages qui se disent « drôles », car la ligne rouge est facilement franchie.

Combattre la banalisation… en interne notamment

Il n’est pas toujours facile de distinguer un manque de vigilance d’une adhésion réelle. Mais dans tous les cas, l’effet est là : donner à penser que c’est acceptable de rejeter certaines catégories de la population, ou faire la publicité d’un antisémite virulent.

Ce qui est certain, c’est que laisser passer sans réagir des positions d’extrême-droite, même sur un seul sujet, revient à les banaliser et à les laisser se multiplier et se propager. L’image ci-contre est issue d’une page d’une section CGT, page animée par le délégué syndical ; et montre que militer à la CGT n’est pas la garantie d’être immunisé contre les idées d’extrême-droite.

Il est donc important d’avoir une réaction (message privé, discussion dans le syndicat…), et suppression s’il s’agit d’un commentaire ou média d’une organisation CGT. Plus il y aura de camarades qui réagissent, plus nous montrerons que le refus des idées d’extrême-droite est fort !